top of page

#V150 15 ans après, des acteurs du record du monde de vitesse à la Cité du Train

Dernière mise à jour : 11 avr. 2022

En partenariat avec le Club de la Grande Vitesse Ferroviaire, la Cité du Train accueillait le 3 avril dernier une conférence sur les coulisses du record du monde de vitesse sur rail à 574,8 km/h. Séance de rattrapage 👇

C'était le 3 avril 2007. La rame #V150 s'élançait pour son galop record à 574,8 km/h, sous les yeux de millions de personnes à travers le monde. 15 ans après, jour pour jour, il fallait bien un événement pour célébrer cette incroyable aventure humaine et performance industrielle.


Des ingénieurs qui ont imaginé ce train expérimental et adapté les infrastructures au conducteur du bolide, ils étaient plusieurs d'entre eux à faire le déplacement à la Cité du Train, musée du #patrimoine SNCF, à #Mulhouse, pour cette conférence organisée en partenariat avec le Club de la Grande Vitesse Ferroviaire.


Pendant 1h30, en présence d'un public conquis en salle, mais aussi sur les réseaux sociaux, ils ont pu échanger autour de quatre axes de discussion.


Les prémices du record (avec Alain Jeunesse et Jean-Daniel Nast)


En 1955, la #SNCF entreprend une série d'expériences qui permettent alors à l'entreprise de remporter le record mondial de vitesse sur rails en atteignant 331 km/h, mais aussi d'acquérir de nombreuses connaissances techniques pour assurer l'avenir du transport ferroviaire à grande vitesse.


Le 26 février 1981, lancé à 380 km/h, le #TGV bat ce record lors de l’opération #TGV 100. Moins de dix ans plus tard, la rame 325 du #TGV Atlantique entre, à son tour, dans l’histoire en atteignant les 515,3 km/h, avant que le record soit finalement porté à 574,8 km/h par la « #V150 » d’#Alstom, le 3 avril 2007.


La construction, technique et logistique

(avec Eliane Allain et Bernard Roure)


Un record, c’est non seulement un matériel roulant, mais c’est aussi une infrastructure. La #LGV Est Européenne était une belle opportunité puisqu’elle présentait une infrastructure nouvelle, un tracé et un profil favorables.


Quelques calculs préliminaires ainsi que des simulations de marche sur la #LGV EE réalisées dans le plus grand secret permettent d’espérer une vitesse de 540 km/h avec une rame #TGV POS réduite. Cette objectif de 150 m/s donnera son nom au projet sous le code #V150.


L’aérodynamique du train est ainsi primordiale. Carénages, grandes roues, ou comment optimiser le profil du train et choisir les modifications à réaliser sur la rame réelle. Le train était conçu pour circuler en commercial, à 320 km/h. Mais les efforts aérodynamiques évoluent selon le carré de la vitesse ! Pour tenir les 150 m/s (minimum !), il fallait aussi et surtout vérifier par sécurité que le train était capable d’encaisser de tels efforts.


Pourquoi n’y a t il pas de voyageurs en dessous du bar sur un TGV ?

Le bas de la remorque 4 est habituellement utilisé pour des équipements électriques, rendant sa présence nécessaire. Pour le record, cela a été en partie remplacé pour recevoir la chaîne de traction AGV.


C’est ainsi que naît la rame « #V150 » composée de deux motrices POS et d’un tronçon de trois remorques à deux niveaux, dont une remorque dopée avec la motorisation AGV.

Le jour J (avec Alain Jeunesse et Éric Pieczak)


Après de nombreuses marches d’essais, le jour J est enfin arrivé. Toute l’équipe est réunie autour de la rame depuis 6h du matin. Départ à 7h40 avec la rame 4404 en tête pour aller se positionner sur la ligne de départ. L’attente est longue jusqu’au départ prévu à 13h. Chacun en profite pour vérifier et revérifier ses chaînes de mesures. Deux avions décollent de Nancy, l’un pour faire le relai et assurer la transmission de l’image et du son, l’autre pour immortaliser le moment à 200 m d’altitude. Les invités qui auront la chance de vivre ce moment de l’intérieur montent à bord de la rame.


« Pour la marche 93-02, départ. » C’est par ces mots que Daniel Beylot donne le départ après avoir fait toutes les vérifications et s’être assuré d’avoir la voie libre. La vitesse croît assez rapidement.


En quelques minutes, les 500 km/h sont atteints. C’est un plaisir ! La puissance est là ! À bord de la rame, on a juste le temps d’apercevoir les nombreux spectateurs venus en nombre sur les ponts et aux abords des voies. Ils sont récompensés par le passage furtif d’un « jet de chrome » qui file à travers le paysage à plus de 150 mètres par seconde.

Les vitesses défilent sur les compteurs : 574.1, … , 574.6, 574.7, 574.8… À 13h13, l’équipe dirigeante demande de couper la traction. Le kilomètre est alors parcouru en un peu plus de 6 secondes. Peu de temps après Daniel Beylot annonce :


« Après contrôle et validation, la vitesse officielle est de 574,8 km/h. » Daniel Beylot, chef de projet

Quid de la facture de la marche record ? Avec une consommation de 3MWh pour 15min de marche record, la facture s’est élevée à environ 240€, soit 2,40€ par personne dans la rame.

Pour l'anecdote, les disques de frein sont montés jusqu’à 680/700°C… et la rame s’est arrêtée pile dans la zone du record, là où elle aurait dû passer à pleine vitesse !


Grâce à ce « record de freinage » notamment, on peut désormais équiper un #TGV de 3 disques de freinage par essieu contre 4 jusqu’à présent. Cette innovation devrait équiper le futur #TGVM !


Les retombées de l’événement (avec Fabrice Hickenbick et Eliane Allain)


Ce record et toute sa préparation ont eu des répercussions sur les nouvelles générations de #TGV jusqu’au #TGVM actuellement en construction.


Des bavettes inter-caisses au pare-brise et aux trappes de nez, #TGVM s’inspire du record #V150 et tient le pari des 20% d’économies d’énergie ! C’est aussi pour cela que #TGVM aura un pare-brise affleurant (visible ici sur la maquette à l’échelle réelle), comme la rame #V150.


Des nombreux témoignages de tous les acteurs qui ont participé à ce record, il en ressort une incroyable aventure humaine. Une véritable symbiose des trois entreprises impliquées (#SNCF, #Alstom et #RFF) ainsi que toutes les équipes d’ingénieurs, de techniciens dans les ateliers et de la communication.


Après avoir accompli cet exploit, cette rame d’essai unique aura fait rayonner les performances ferroviaires françaises à travers de nombreux événements médiatiques. Elle aura vu la Cité du Train de Mulhouse pour une exposition temporaire en juin 2007, avant un passage au Jardin des Deux Rives à Strasbourg ou encore sur le devant de la Seine à Paris. Les motrices ont depuis perdu leur livrée « jet de chrome » pour revêtir une livrée spéciale attestant de son histoire. Elles assurent aujourd’hui du service commercial dans le nord est de la France.


Le Club de la Grande Vitesse Ferroviaire

Fondé en 2018, le Club de la Grande Vitesse Ferroviaire (CVGF) est une association fédérée par celles et ceux qui ont contribué et contribuent encore aujourd’hui à écrire l’Histoire humaine et technique de la Grande Vitesse Ferroviaire. Tous les départements sont représentés : des bureaux d’études à la maintenance des trains, en passant par l'infrastructure, la génie électrique, mécanique, les essais ou les différents records du monde.

Les six intervenants présents lors de la conférence en font tous partie et sont animés par le désir de mettre en avant, transmettre et valoriser l’Histoire et les nombreuses avancées permises par la grande vitesse ferroviaire.



Photos : © Kiliam GERBAULT

Textes : Club de la Grande Vitesse Ferroviaire & Cité du Train - Patrimoine SNCF

 
744 vues

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page